vendredi, décembre 08, 2006

Science et technologie au service du developpement de la Coree et Chine

Je suis à Seoul, Corée, depuis quelques jours, dans le cadre d'une série des conférences à l’Université de Seoul sur le devenir économique de l'Asie de l’est. Je viens de finir ma présentation aujourd’hui (sur le nexus finance-croissance économique en chine depuis l’ouverture de 1978), ce qui me permet de dialoguer avec moi-même sur ce blog. Chaque fois que je suis en Corée, la surprise reste la même : des changements impressionnant partout ; des travaux par-ci, par-là. Lorsque je pense aux données économiques du début des années 1960s montrant la Corée du sud pas si différente de certains pays africains, notamment mon pays la RDC, on comprend que je ne peux m’empêcher de questionner, de questionner et de retourner les questions. Et pourtant la réponse est simple. René Dumond, lui, le savait si bien. On était mal parti. Peut-être que Dumond était juste gentil et nous prêtait même les intentions de vouloir partir alors qu’en réalité nous n’étions jamais partis.
Qu’a fait la Corée? L’éducation. Alors que d’après la plupart d’indicateurs économiques nous n'étions pas économiquement different, la Corée avait déjà une longueur d’avance sur le niveau d’éducation par rapport a la RDC (qui elle disposait des ressources minières énormes, visiblement encombrantes pour elle). La Corée avait les hommes éduqués qui ont mis l’intelligence en pratique. Une politique scientifique et technologique volontariste a réalisée le miracle (alors que les Congolais priaient, et continuent à le faire, pour que Dieu fasse le miracle pour eux).
La Chine est en train de refaire le miracle sous nos yeux. Le royaume du milieu est en train de devenir une puissance high-tech dans les domaines du wireless data encryption, logiciels, and terminaux des PC…). Des universités gèrent des entreprises innovantes (spin-off firms) du genre Lenovo, (fabricant d’ordinateur qui a récemment racheté une partie de l’américain IBM !). Qui l’aurait cru 5 ans avant ?

Milton Friedman: un geant qui s'eteint

Milton Friedman (né en 1912) est décédé a l’âge de 94 ans. Cet économiste, chef de file (en RDC on dira leader incontesté et incontestable) du courant néolibéral, considéré comme le père du monétarisme, fut professeur à l'Université de Chicago à partir de 1948 et obtint le prix Nobel d’éco en 1976. Il commença a écrire régulièrement dans l'hebdomadaire américain Newsweek et acquiert de la sorte une vaste popularité. Conseiller économique d'organismes officiels tels que la Federal Reserve, du Parti républicain et surtout des présidents Nixon et Reagan, il exerce une influence considérable sur les régimes de Thatcher, Nakasone, voire Mobutu.
Friedman était parmi les participants de ce qui deviendra au début des années 1980s, la contre-révolution néolibérale. Avec 36 autres personnalités (que certains Keynésiens qualifient des comploteurs) , il a pris part au noyau dur des penseurs « bourgeois » qui ont décidés de combattre les idées de Keynes sous toutes ses formes (syndicats, salaires minimaux, protection sociale, interventions publiques…) en participant à la conférence du Mont-Pèlerin du 1er au 10 avril 1947. Friedman est aussi connu comme celui qui a refocalise le débat économique sur les effets nocifs de l’inflation. Il a publie son célèbre livre Inflation et systèmes monétaires en 1968 (1969 ?) dans lequel il diffuse ses thèses sur la l'inflation et la politique monétaire et s'impose comme le mentor des recettes libérales. Des les années 1950s, Friedman voulait réhabiliter la théorie quantitative de la monnaie d'Irving Fisher (les raisons ?) pour contrer les thèses keynésiennes (mon opinion personnelle, certains économistes le réfutent mais je partage certaines idées des théories de la conspiration en économie).
Les keynésiens pensent que les dépenses publiques, provoquant un déficit budgétaire, ont un effet de stimulation cyclique. Les monétaristes croient, eux, que c'est la dépense financée par la création de monnaie qui provoque cet effet de stimulation cyclique. Friedman pensait aussi que le niveau du taux d'intérêt constituait un indicateur très trompeur de la politique monétaire d'un pays. Un taux d'intérêt à court terme de zéro (comme au Japon depuis 2000 jusqu’en aout dernier) peut être relativement restrictif et qu’en principe un bas taux d'intérêt signifie que la politique monétaire a été expansionniste. Selon Friedman, la méconnaissance de ces réalités concernant la politique fiscale et la politique monétaire a coûté particulièrement cher à beaucoup de pays (riches comme pauvres). Les dépenses publiques financées par l'emprunt (surtout extérieur) non seulement ne peuvent pas stimulé l'économie, mais elles sont même contreproductives dans la mesure où, à des dépenses privées les gouvernements substituent des dépenses publiques qui sont presque certainement utilisées de façon moins efficace comme dans la plupart des cas dans notre pays (à titre d’exemple).
On notera également qu’au-delà des préoccupations principalement théoriques de Keynes et autres économistes de l’entre deux guerres et du post-2 guerre mondiale, Friedman a très tôt pris des allures ouvertement partisanes. A la différence de Keynes qui n’était pas implique dans les politiques du New Deal de Roosevelt (mais dont les disciples entouraient Roosevelt), Friedman affichait déjà un parti pris idéologique contre les masses laborieuses (ce qui explique sa récupération par la bourgeoisie qui voyaient de mauvais œil le montée du rôle de l’Etat).
Friedman a été l’apôtre du libre échange et partant du libre entreprise et de la liberté de choix bien qu’il a eu à déplorer le risque pour certaines sociétés (comme la Congolaise ?) de s’engouffrer vers des mauvais choix. La majorité peut avoir des mauvais goûts mais, dans une société libre, on ne peut pas, mieux, on ne doit pas, brimer l'expression de ce mauvais goût.
Enfin, Milton Friedman a fait la remarque suivante insistait sur le lien entre liberté politique et économie de marché. Il insistait que l’un ne peut aller sans l’autre (au début des années 1960s déjà). Avait-t-il raison ? Mobutu ne l’a pas écouté et il a eu tort, le Zaïre s’est retrouve en ruine. La Chine également ne l’a pas écouté, mais, miracle, le pays est en passe de refaire son miracle du 10-15eme siècle.
Que son âme repose en paix, aux cotes des âmes que ses idées ont enrichies et surtout loin des âmes qui n’étaient pas éclairées par ses « belles idées ».