mercredi, janvier 03, 2007

Des politiques biaisees dans le but de soutenir des interets obscurs?

La Banque Mondiale, cette institution passee maitresse incontestee dans la formulation des politiques de developpement dans les TM venait d'etre pris en falgrant deli de 'manipulation' des resultats de ses recherches en exaggerant les conclusions soutenant ses recommendations tout en ignorant celles qui etaient nuancees.
Tout en saluant l'esprit de transparence qui a poussee la BM a initie cet exercice d'evaluation de ses activites de recherche, il sied cependant de relever le triste realite que le quasi-dogmatisme qui characterise l'applications des politiques dictees par la BM, en Afrique par exemple, est facilite par le deficit de connaissance au niveau des pays 'beneficiares'.
Voici un bref commentaire du journal LE MONDE du 2 janvier 07 sous le titre: "La Banque mondiale corrigée", par Alain Faujas.
C'est une volée de bois vert que la Banque mondiale s'est vu infliger par un audit sur les recherches qu'elle a effectuées entre 1998 et 2005, commandé par son vice-président et économiste en chef, François Bourguignon, et rendu public à la veille de Noël.
Sous la conduite d'Abhijit Banerjee (MIT), Angus Deaton (Princeton), Nora Lustig (UNDP) et Ken Rogoff (Harvard), vingt-cinq universitaires ont analysé un échantillon de 180 productions parmi les 4 000 articles, livres et rapports rédigés pendant cette période.
Ces recherches servent de référence aux autres organisations internationales, aux gouvernements et même aux opinions publiques. Elles analysent les effets de la santé, de l'éducation, de la démographie, de l'agriculture, des infrastructures, des investissements, de la bonne gouvernance, etc., sur le développement économique et social.
Le groupe d'audit estime que 61 % des études de la Banque sont d'une qualité supérieure et qu'elles contribuent à la connaissance des phénomènes qui facilitent ou entravent la croissance dans les pays pauvres. En revanche, le reste des productions s'attire de vifs reproches. Les experts estiment dommageable que "cette recherche ait été utilisée pour la défense des politiques menées par la Banque, sans faire preuve d'équilibre dans la présentation des faits ni de la distanciation requise". Ils regrettent que la Banque ait confondu recherche et plaidoirie pro domo.
Ils citent une étude claironnant que "la croissance est bonne pour les pauvres", alors que ses conclusions étaient "fragiles et incertaines". Ils critiquent le traitement et le classement "hasardeux" des données statistiques, ainsi que la médiocrité du site Internet qui permet de les consulter. Ils regrettent que les études soient trop routinières, faute de contrôle, et qu'elles cherchent à plaire à tout le monde en minimisant les conflits.
Parmi les remèdes préconisés par ces experts, citons le recentrage des études et une limitation de leur nombre car, avec un budget de recherche de 25,3 millions de dollars (2,5 % du budget de la Banque), il n'est pas possible de prétendre à l'exhaustivité. Il est aussi conseillé à la Banque de relever le niveau de son recrutement et d'améliorer le contrôle du travail de ses chercheurs.
Enfin, il serait souhaitable, disent les experts, que les chercheurs de la Banque associent à leurs travaux ceux des pays en voie de développement. Histoire de ne pas répéter l'inanité d'un système statistique consacré à la pauvreté en Afrique du Sud et réalisé à Washington sans que ni les universitaires du cru ni les spécialistes du gouvernement de Pretoria n'aient eu leur mot à dire.