dimanche, octobre 28, 2007

l’Internationalisation des entreprises chinoises

L’actuelle transition chinoise reste pour bien des Occidentaux une zone de mystères. « La Chine ne se banalise pas », écrit Thierry Sanjuan, professeur à la Sorbonne. « Il est clairement impossible, poursuit-il, de coller aux réformes chinoises le calendrier et les modalités des transitions des anciens pays communistes vers l’économie de marché. La Chine n’est pas la Russie post-soviétique, ni non plus une nouvelle Amérique libérale en devenir. »
On croira d’autant cette spécificité après avoir lu cette autre appréciable étude conduite par la commission Asie-Pacifique des conseillers du commerce extérieur de la France (CCEF) qui porte sur les multinationales émergentes chinoises. Le rachat par Lenovo, de la division PC d’IBM, comme celle des téléviseurs de Thomson par TCL ont défrayé la chronique. Le parti pris très libéral de l’enquête n’en réduit pas la portée quant à la recherche des mécanismes de ces entreprises. Toutes issues du secteur public, réformées à marche forcée au prix de plus de 140 millions de licenciements, elles sont encore liées à l’État chinois qui reste « le grand, sinon l’unique décideur des stratégies d’entreprises à l’international, fussent-elles officiellement "indépendantes" ». Pour mieux encadrer et faire grandir des champions nationaux, une grande commission de rang ministériel a été créée en 2003. Un contrôle étroit lui permet d’intervenir dans la nomination des dirigeants des firmes. Exemple : la China Télécom, dont l’État ne détient officiellement que 17 % des parts. Les investisseurs étrangers qui flashent sur les potentialités du vaste marché chinois et les bas coûts salariaux ont souvent été pris de court : « …Un comité exécutif chinois comporte toujours le secrétaire du parti de l’entreprise, lequel est le dernier à s’exprimer lors des réunions dudit comité. Aucune stratégie significative d’entreprise, surtout à l’international, n’est donc menée sans l’aval du parti », estiment les auteurs.
Pour autant, dans la compétitivité mondiale, les « championnes » chinoises ne sont encore qu’en phase d’apprentissage. L’affaire TCL-Thomson n’a pas été bonne pour les Chinois. L’entité rachetée n’était pas rentable. De même, Lenovo a dû reprendre à son compte cinq cents millions de dollars de passif d’IBM, en plus du prix payé. Pour le moment donc, pas de déferlante chinoise prévisible, notent les auteurs qui insistent sur le fait que le pays malgré une croissance à deux chiffres reste globalement pauvre.
[Dictionnaire de la Chine contemporaine, sous la direction de Thierry Sanjuan. Éditions Armand-Colin, 2006].
L'internationalisation des entreprises chinoises demontre l'importance de l'innovation au niveau des strategies de competitivite industrielle. Le transfer technologique ne se fait plus en attendant que les multinationales vous apportent leur savoir-faire techno au niveau local. Plutot, il vaut mieux se donner l'ambition et les moyens de control sur certaines 'generatrices' des technologies de pointe afin de partager a la source les nouvelles decouvertes. Ces lecons, de nos jours, ne peuvent venir que de l'empire du milieu.