mardi, janvier 13, 2009

Comprendre la crise financière mondiale

Toute Cause a son Effet; tout Effet à sa Cause. Ce Principe implique le fait que les mauvais effets proviennent des mauvaises causes ou tout au moins d’une mauvaise combinaison entre des causes bonnes (ce qui produirait des effets indésirables, (« side effects » comme les disent les anglo). En d’autres termes, la loi de cause-effet implique que tout arrive conformément à la loi. Toute la science et l’histoire s’effondreraient si on niait cette loi de cause et effet.
Puisque le monde observe les effets de la crise financière, la première réellement globale, il apparait une sorte de mode de scruter les mauvaises causes qui nous ont conduis vers ces effets indésirables.
Pour Ben Bernake (le gouverneur de la FED, la banque ou réserve fédérale américaine, la crise financière est le résultat de la crise de la sub prime. Or, la crise qui frappe le marché des crédits immobiliers hypothécaires, de la Sub prime aux Etats-Unis (prêts hypothécaires à taux variables), s’est étendue aux bourses, banques et société et fond limités dans le monde entier et est loin d’être terminée.
Petite histoire d’une crisePour ceux qui n’étaient pas là pendant ces derniers mois, voici un bref aperçu de la situation :Après l’attentat du 11 septembre, et du fait des taux d’intérêt variable en baisse, commença une nouvelle montée dans la demande de bien immobilier, ce qui engendra deux bulles financières : celle du marché immobilier et celle des investissement boursiers.La bulle de l’immobilier fut celle qui explosa la première, en 2007, les taux d’intérêt ont atteint des sommets et les prix de l’immobilier aux Etats-Unis commencèrent à chuter. Les gens ne parvinrent pas à rembourser leurs emprunts et les banques et établissements financiers commencèrent à faire faillite. La chute qui toucha les Etats-Unis contamina les bourses, les banques, les sociétés et les fonds spéculatifs dans le monde entier. Les principales vagues furent ressenties en Asie, au Canada et en Australie. La crise n’épargna pas non plus de nombreuses entreprises, sociétés de production, de marketing et même le high-tech.Les effets des deux bulles précédemment citées continuent de perdurer et la sensation de crise économique mondiale est visible et augmente chaque jour davantage sur le terrain. La question posée est : combien de temps pourra-t-on encore rester stables lorsque des vents violents de crise soufflent dans les environs ? Sommes-nous en mesure d’exécuter une action quelconque afin d’empêcher les prochaines chutes ?La délicate harmonie mutuelleLa crise des crédits démontre combien nos systèmes sont liés de façon interdépendante et combien chaque infime mouvement peut mettre en danger la stabilité de tout le marché. Les crises engendrent une « contamination » d’autres intervenants et entraînent tout le marché au seuil de l’effondrement et sont une partie des signes de la globalisation économique. Toutes les tentatives de maintien de la possibilité de prévision des modèles économiques pour faire face à ces phénomènes ont abouti jusqu’à présent à un échec.Pourtant, des systèmes bien plus complexes et dépendant les uns des autres existent dans la nature, et fonctionnent en parfaite harmonie. Pourquoi, ici, un système aussi vital pour le bon fonctionnement de nos sociétés n’est pas capable de se maintenir de façon stable ?Comprendre les lois de la natureLe prix Nobel de physiologie ou de médecine le Pr Güther Blobel, chercheur dans la prestigieuse université Rockefeller à Institut médical de New explique que la science arrive à la conclusion que le principe de réciprocité est la clé de l’existence de tout le système de la nature. « Le meilleur exemple pour cela, dit Blobel, est les cellules du corps. Les cellules s’unissent les unes aux autres en donnant réciproquement au corps tout entier. Chaque cellule du corps reçoit ce dont elle a besoin pour vivre et tout le reste de ses forces elle les met au service du corps. » En fait, à chaque niveau de la nature une particule agit en faveur de la généralité à laquelle elle appartient, et ainsi elle trouve sa plénitude. La délicate harmonie mutuelle est ce qui permet la vie et c’est sur elle que se fondent tous les systèmes de la nature.La base des systèmes artificiels : l’égoïsmeLes systèmes artificiels que la société humaine s’est construites sont en totale opposition avec l’harmonie présente dans la nature. A la base du comportement humain initiant ces systèmes se trouve l’égoïsme, qui préfère toujours l’étroit intérêt personnel à l’avantage général, et qui entretient la course après la richesse, les honneurs et le pouvoir et également (voire principalement) au détriment des autres.Dans le contexte économique, nous voyons que les intérêts particuliers des détenteurs de capitaux et d’actions sont la priorité et la préférence des sociétés. Et certains vous diront : « de nombreuses sociétés aident la communauté et offrent un réseau sécuritaire social ». Cette action est certes louable, cependant il est clair que ce n’est qu’un désir basique de toute entreprise cherchant à embellir son image dans les médias et se faire de la publicité, ce qui au final est du même cadre égoïste.C’est précisément là où nous commettons une erreur : plus nous agissons chacun dans notre propre intérêt, plus cela nous mène à nous renfermer sur nous-mêmes, et plus nous découvrons à quel point nous sommes tous liés les uns aux autres à travers une série de systèmes sociaux et économiques - des systèmes artificiels dans lesquels nous sommes menottés sans pouvoir en échapper. Sans en prendre conscience, toute action, même la plus petite, peut engendrer des changements à l’autre bout du monde, et inversement. L’ego et la globalisation nous emprisonnent dans un cercle vicieux et ne nous laissent pas le temps de respirer.La question est : comment sommes-nous parvenus à une situation dans laquelle il nous semble qu’à chaque instant la terre peut s’effondrer sous nos pieds ?Au lieu d’ajuster le système de liens entre nous existant dans la nature, nous avons construit à côté un réseau supplémentaire, artificiel, basé sur l’égoïsme, sans comprendre que nous avons mis ainsi notre existence en péril.Une solution en vue ?Aussi étrange que cela puisse paraître, il ne nous reste pas grand-chose d’autre à faire que de changer nos habitudes. Comment ? Simplement grâce à l’éducation. Les gens doivent prendre conscience de la raison de la crise et comprendre qu’il existe des lois qui régissent l’ensemble du système de la nature. Les secousses vécues aujourd’hui viennent du fait que, nous, nous n’agissons pas selon ces lois. En faisant appel aux différents systèmes explicatifs, afin que les gens comprennent que notre société est interdépendante, autrement dit nous que sommes tous liés les uns aux autres. Cela est comparable à un corps de cellules où chaque cellule du système « humanité » doit comprendre que le modèle économique le plus avantageux pour elle est de s’inquiéter de la survie du système collectif, de s’inquiéter de l’autre. Il ne s’agit pas de construire une utopie, il s’agit d’opérer un changement de valeurs.
Tiré de Agora, 2008
et de RCE (Revue Congolaise D'Economie: http://www.congoeconomie.org)